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Une crise de confiance dans les partis politiques : le cadre fait défaut et doit être conçu

Alors que les partis politiques étaient auparavant des outils permettant aux politiciens de réaliser leurs ambitions, aujourd'hui, dans leurs structures traditionnelles, ils sont devenus des cimetières pour ces mêmes ambitions. Les annonces de formation de partis sont devenues des avis de décès instantanés. Le cadre organisationnel que nous envisageons comme revitalisant et efficace prend en compte de nombreux éléments, dont les plus importants sont :

La nature de la société tunisienne

La nature de la société tunisienne, qui a été érodée par les divisions et déconcertée, il n'y a pas si longtemps, par la multiplication des partis, la succession rapide des gouvernements et la multiplicité des expériences de gouvernance. Cela a abouti à un état d'"instabilité politique" qui a culminé avec l'événement du "25 juillet 2021" dont nous subissons encore aujourd'hui les conséquences.

Éviter les expériences échouées

La nécessité d'épargner au pays la poursuite effrénée par certains cercles de reproduire les expériences ratées de l'histoire récente de la Tunisie, où les partis sont restés stagnants, sont devenus des fardeaux et se sont transformés en partie du problème plutôt qu'en partie de la solution.

Le désir de se différencier

Le désir de se différencier et d'éviter de répliquer des structures et des moules prêts à l'emploi qui placent tout le monde dans la même catégorie et échouent à offrir aux Tunisiens une alternative "nouvelle" qui se distingue, dans le contenu et l'essence, du reste.

Entité orientée vers l'action

Le désir de s'assurer que la nouvelle entité serve d'outil d'action au-delà d'elle-même, et non d'abri qui héberge des individus partageant les mêmes idées et les empêche de se mélanger aux autres. Nous voulons une entité orientée vers l'action et la réalisation, un organisme soulagé des lourds fardeaux organisationnels qui drainent le temps, l'effort et l'argent... une entité libre de servir l'intérêt public (la nation), et non l'intérêt privé (le parti).

S'inspirer de l'esprit de l'État

Le désir que la nouvelle entité s'inspire dans son contenu, sa méthodologie et ses objectifs de l'esprit de l'État, et non de l'esprit du parti, dans sa quête de servir l'intérêt public sans discrimination entre les Tunisiens ; soutenir les efforts de l'État plutôt que de le remplacer ou de conspirer contre lui ; orientée pour servir le bien commun, et pas seulement les membres ou militants du parti ; respectant le mécanisme en sept étapes dans ses diverses activités : réflexion, prise de décision, action, communication, suivi, évaluation, ajustement et rectification.

Flexibilité et dynamisme

La volonté de s'assurer que l'entité soit flexible et dynamique, capable de s'adapter aux développements d'une réalité changeante. Les entités fermées, rigides et ossifiées sont plus susceptibles de s'effondrer face à des événements qui évoluent rapidement. De plus, compte tenu de la nature des sociétés modernes, leurs membres refusent de rejoindre toute entité ressemblant à une secte dont on ne peut pas sortir. L'individu moderne souhaite exprimer et pratiquer ses convictions sans renoncer à sa liberté et à son penchant pour l'autonomie.

Une entité unificatrice

Nous devons nous engager avec cette réalité humaine vécue par la Tunisie et d'autres sociétés ; où les communautés humaines sont en train d'être remodelées... Au point qu'aujourd'hui on parle de l'"ubérisation" de l'action politique et de l'élimination progressive des "intermédiaires" qui étaient monopolisés par les partis politiques dans le passé, parallèlement à l'omniprésence frappante des plateformes de médias sociaux.

Mettre l'accent sur l'action conjointe

Une entité qui met l'accent sur l'action conjointe, et organise et investit dans la "préoccupation commune ou le terrain partagé minimum" basé sur le concept de "contrat" plutôt que sur celui de "loyauté" ou de soumission absolue... Une entité qui respecte l'"autonomie" de ses membres contractants sans leur demander de renoncer à leurs particularités (qu'il s'agisse d'individus, de groupes, d'institutions ou d'organisations de la société civile).

La maison inclusive

Une entité unificatrice qui soutient les initiatives, indépendamment de leurs initiateurs, tant qu'elles œuvrent pour l'intérêt public et respectent la "Charte Notre Devoir", qui est envisagée comme un "Code de bonne conduite" et une contribution à la moralisation de l'action politique. Un incubateur pour toutes les bonnes intentions et un "facilitateur" pour toutes les initiatives, visant à soutenir les efforts de réforme globale. D'où l'importance de mobiliser et d'attirer les abstentionnistes politiques, les indépendants, les boycotteurs et les non-votants. Mais avant cela, il est essentiel que tout le monde sache que nous sommes la "maison inclusive" pour les initiatives au sein d'un système d'action "en réseau" (un système de réseau dynamique vaut mieux qu'un système de parti rigide et ossifié) qui unit toutes les intentions sincères.

Méthodologie d'action : flexibilité, ouverture et efficacité

Dans la lignée d'une structure de gestion réduite pour les grands projets, une force opérationnelle compacte sera formée pour exécuter les fonctions essentielles requises de toute entité politique aspirant à posséder les éléments de force et de continuité.

Force opérationnelle compacte

Cette force opérationnelle ne cherche pas à mettre en valeur son pouvoir (en mettant l'accent sur le nombre d'affiliés) mais plutôt à atteindre l'efficience et l'efficacité (en sélectionnant soigneusement les individus, les moyens, les méthodes d'action, les sphères d'action, le timing optimal et l'exécution rapide). Ce n'est pas une équipe préoccupée par l'affirmation de son existence, mais une équipe gouvernée par une "politique orientée vers les objectifs" claire et prédéfinie. Une équipe qui incarne l'esprit de l'État plus que celui des partis politiques, afin qu'il devienne évident pour tous que son objectif est d'offrir au pays, en cas de besoin, de véritables "hommes d'État" animés par "l'intérêt public", et non des "partisans" défendant farouchement des agendas factionnels étroits.

Missions principales

Les trois missions principales entreprises par la force opérationnelle (juridique et basée sur les droits de l'homme, politique et économique, sociétale et civique) visent essentiellement à façonner un nouvel acteur politique, distingué par une forte présence de jeunes et de femmes, et par sa capacité de renouvellement, d'innovation et de s'appuyer sur quatre forces motrices.

Quatre forces motrices

  • Une force sociale civile : en libérant l'initiative civique et sociale.
  • Une force de leadership : en institutionnalisant le leadership, en l'équipant d'outils d'action et de mise en œuvre, et en l'aidant à améliorer la qualité de la prise de décision.
  • Une force de coalition : par l'ouverture, les partenariats et les alliances avec des indépendants ou des entités organisées.
  • Une force de communication : en investissant dans les stratégies médiatiques et de communication les plus modernes, efficaces et habiles.

De l'adhésion à l'engagement contractuel

Nous sommes profondément engagés à initier un changement qualitatif dans le domaine de l'engagement politique en remplaçant la logique rigide et fermée de l'"adhésion" par la logique flexible, renouvelée et ouverte de l'"engagement contractuel".

Membres contractants

Nous recherchons un espace politique peuplé de membres contractants, et non simplement de membres affiliés... L'efficacité exige que chaque nouveau membre contractant signe un accord clair basé sur des objectifs, défini par un domaine spécifique et régi par un calendrier déterminé. Nous ne recherchons pas des membres qui prétendent se spécialiser dans tout (et en réalité, dans rien), guidés par un seul principe directeur : la loyauté. Nous recherchons des membres contractants qui apportent une "valeur ajoutée" dans divers domaines, affectés à des tâches spécifiques avec des échéances claires, guidés par une logique d'action et de réalisation. Ils sont divers, constamment renouvelés, injectant une énergie fraîche et générant une dynamique positive soutenue.

Le modèle tunisien

Notre vision et notre choix subséquent concernant l'organisation et le fonctionnement de la nouvelle entité politique découlent de notre désir et de notre détermination à faire revivre l'idée du "modèle tunisien", qui a distingué notre pays lors de moments clés de son histoire moderne et lui a valu une position de premier plan parmi les nations dans une courte période suivant l'indépendance, malgré sa petite taille et ses ressources limitées. Nous n'avons pas besoin d'importer des solutions ou de répliquer des expériences dont les prémisses et les objectifs sont incompatibles avec la "spécificité tunisienne", un principe que nous avons diligemment promu et renforcé tout au long de chaque étape de notre action, de la conception à la mise en œuvre.

Le projet "Notre Devoir" : un espace d'unification et d'action collective

La complexité de la crise tunisienne et l'érosion profonde de la confiance dans le paysage politique prouvent qu'aucun parti, quelle que soit sa compétence ou ses bonnes intentions, ne peut prétendre avoir la capacité de réaliser le sauvetage et la réforme à lui seul. Le chemin du changement ne peut être un voyage solitaire ; il doit être un effort collectif et un pacte de confiance renouvelé entre les forces actives de la nation. Le populisme a prospéré sur la division, c'est pourquoi notre réponse doit être l'unité. Le projet "Notre Devoir" n'est pas simplement un programme proposé, il offre également une méthodologie pour surmonter l'impasse actuelle, basée sur le dialogue et la construction collective, comme valeurs éthiques partagées et comme mode d'action. Le projet "Notre Devoir" se positionne comme un espace d'action collective responsable et sérieuse, visant à faciliter la tâche de sauvetage et de réforme, une entreprise que nous ne prétendons pas monopoliser. Nous nous engageons à présenter notre plate-forme politique détaillée comme une contribution sérieuse et complète au débat. Notre ambition est de dynamiser le potentiel et de fournir une base solide aux forces nationales pour construire une sortie collective de la crise.

Moralisation de l'action politique

Nous vivons à une époque où les plateformes de médias sociaux ont envahi la vie privée des individus, transformant la vie privée et les détails personnels des gens en livres ouverts utilisés par certains pour éliminer des rivaux politiques ou pour bloquer ceux qui sont empêtrés dans la corruption, la violence ou des affaires criminelles. Il y a aussi un recours croissant aux moyens judiciaires pour résoudre les différends politiques ou sanctionner les violations des lois électorales ou anti-corruption, au point que de nombreux pays occidentaux et non occidentaux parlent maintenant de dépassement judiciaire dans le règlement des différends politiques. Dans ce contexte et compte tenu de l'image profondément négative des élites politiques détenue par la majorité des Tunisiens, il est devenu impératif et inévitable que tous les candidats à des postes au sein d'entités politiques subissent un examen, une vérification et un contrôle pour s'assurer que leurs dossiers sont exempts de tout soupçon ou accusation qui pourrait nuire à leur réputation et, plus important encore, nuire à la crédibilité des entités qu'ils représentent et du paysage politique dans son ensemble.

Exigences pour l'intégrité politique

  • L'intégrité de tous les candidats (selon leurs antécédents) aux postes de direction au sein des organisations politiques, aux élections nationales, régionales ou locales, ou aux postes au sein des institutions de l'État.
  • L'adhésion à la "Charte Notre Devoir", qui définit les objectifs nobles et le cadre éthique qui régit l'action politique en théorie et en pratique.