D'investir notre temps au service du peuple et à la sauvegarde de ses intérêts, afin de lui épargner les catastrophes qui ont affligé d'autres, et d'ouvrir devant lui de nouvelles fenêtres d'espoir... et de ne pas gaspiller notre temps ou celui du pays dans des querelles, des débats vains, des luttes de pouvoir internes, des batailles idéologiques stériles et des politiques futiles. Où que nous soyons, nous devons être au service du peuple, cherchant son bien-être et travaillant à trouver des solutions à ses problèmes...

De tourner notre attention vers les démunis et vers les régions souffrant de marginalisation et d'exclusion, car leur retard tirera inévitablement le pays vers l'arrière et entravera le chemin du sauvetage et du progrès... Soyons certains que la Tunisie ne peut avancer tant que l'injustice sociale persiste et que des disparités flagrantes demeurent entre les fortunés et les démunis... Nous devons regarder vers la "Tunisie d'en bas" ; si nous l'abandonnons, la négligeons ou la perdons, elle nous entraînera dans ses profondeurs...

Nous ne devons pas vider notre administration, le cœur battant du pays, de son personnel qualifié et de ses compétences pour les remplacer par des proches, des copains et des flagorneurs. Cela imposerait un nouveau fardeau à une administration qui a déjà besoin de modernisation, d'amélioration de la qualité et de réformes profondes. Sinon, la nation, en particulier ses groupes vulnérables et démunis, portera le lourd coût de l'incompétence et de l'échec, comme c'est le cas aujourd'hui.

Nous ne devons pas utiliser les moyens et ressources de l'État, ni exercer l'autorité et les sphères d'influence, pour régler des comptes, punir les opposants ou affaiblir les dissidents... Nous devrions réduire le cercle des adversaires et élargir le cercle des amis, en choisissant une approche de communication qui évite le sensationnalisme et la provocation, plaçant la Tunisie dans un processus d'unification plutôt que de division ou de partition... nous devrions reconnaître que le succès réside dans l'inclusion la plus large possible des Tunisiens dans les affaires publiques et dans la gestion de leur vie quotidienne, en les réconciliant avec leur patrie, avec la politique et avec leurs élites...

Nous ne devrions pas restreindre les libertés sous prétexte de réformes... Ni abandonner de grandes réalisations pour lesquelles des générations se sont sacrifiées et pour lesquelles des martyrs sont tombés, sous la justification des impératifs du moment... Ce n'est pas le destin de la Tunisie de toujours être à la traîne et de ne faire que de petits pas en avant, ni n'est-elle destinée à sacrifier à chaque fois des parties de son peuple au profit d'autres. Nous devons faire de la Tunisie une synthèse belle et intelligente du meilleur de ce qui est venu avant la Révolution et de ce qui l'a suivie, et rejeter la médiocrité, la corruption et la mauvaise gestion comme destin ; le désespoir ne doit jamais l'emporter sur notre croyance en la possibilité de réforme et au décollage de la Tunisie vers un avenir meilleur...

Nous devrions sauvegarder la souveraineté de notre prise de décision nationale et ne jamais nous soumettre à la tutelle étrangère ou aux diktats externes, quelle que soit leur origine ou le prix offert (que nous soyons dans l'opposition résistant à l'autoritarisme ou au pouvoir gérant les affaires publiques)... Car lorsqu'un Tunisien sent que les décisions ne sont pas entre ses mains, qu'il est simplement dirigé plutôt que de choisir son propre destin, de fixer ses priorités et de sélectionner ses dirigeants, il ne restera pas silencieux longtemps...

Nous devrions laisser notre souci pour la Tunisie l'emporter sur notre souci pour nos positions. Ouvrons nos cœurs et nos portes à tous les Tunisiens, et ne permettons pas à la peur de l'avenir de s'insinuer dans leurs cœurs... Ne chargeons pas le navire de la Tunisie de désespoir, de frustration, de méfiance et de désespérance, car s'il est sauvé, nous sommes tous sauvés.